Cette histoire s’est passée il y a très longtemps, au temps où il n’y avait pas encore d’humains sur la planète. A cette époque, les animaux aimaient danser, chanter et s’amuser ensemble. Voici comme cela se passait.
Tout d’abord, sur la piste de danse, entrait le Lion. Roi des animaux, il était majestueux, fort et beau avec sa crinière dorée.
Venaient ensuite les poules et coqs qui caquetaient sans arrêt, cherchant verres de terres et petites pierres à manger. Ils venaient pour danser, mais ne pouvaient s’empêcher de gratter le sol.
Alors entrait l’hémione. Rapide, rapide, rapide, l’hémione courrait, sautait, dansait comme s’il n’allait jamais s’arrêter.
Au contraire des tortues qui, lentement, s’avançaient. Si l’on attendait qu’elles montent sur la piste, nous perdrions beau… coup… de… temps…
Heureusement, arrive l’éléphant. Pataud, bougon, ronchon, au caractère de cochon. Pourquoi donc, pensez-vous ? Il ne sait pas danser, et l’on rit beaucoup en le voyant essayer de se trémousser.
Les kangourous, eux, sont toujours joyeux. Ils bondissent à qui mieux mieux et celui qui sautera le plus haut sera le gagnant.
Les grands perdants sont les aquatiques mammifères et autres poissons ; baleines, dauphins, requins et oursins ne peuvent pas monter sur la piste de danse. Pourtant, cela ne les empêchent en rien d’honorer ce grand carnaval des animaux.
Arrivent alors des personnages aux longues oreilles, ânes et ânesses se joignent à la fête. Ils braient, encore et toujours, pour accompagner le danseur qui les suit.
Le coucou au fond des bois, qui, pour une fois, se joint aux autres animaux, semble triste. Du moins, quelques minutes seulement car les suivants sont amusants.
Voilà toute la volière qui s’amène, grands oiseaux de chasse et petits moineaux sauvages volettent, voltigent, rapides et agiles au dessus des autres animaux.
Tout à coup entre le pianiste. Pianiste dites-vous ? Pourquoi pas après tout, le pianiste est un animal comme les autres si l’on en croit les autres.
Les oubliés, qui d’ordinaires ne font rien, ne sont rien, entre en scène ; fossiles de toutes tailles, de toutes espèces, de tout calibres, venus de toutes les terres. Ce n’est pas une mince affaire que de faire rentrer tout ce monde sur la piste.
Pourtant, il reste bien une place, une place de choix, au milieu de ce tableau. Voici le dernier des animaux, le cygne gracile. Il est finalement le seul à savoir danser correctement, mais cela est sans importance car, enfin tous réunis, la fête peut commencer.
On danse, on fraternise : le loup avec l’agneau, le renard avec le corbeau, la cigale avec la fourmi. Rien n’est plus beau, plus grandiose, que ce carnaval des animaux. » |